Beaubourg Wine Tour Évasion Viticole

Beaubourg Wine Tour Évasion Viticole

À travers les saisons : métamorphoses des paysages viticoles du Beaujolais et du Mâconnais

Voyage au cœur des vignobles du Beaujolais et du Mâconnais

13 décembre 2025


L’hiver : l’épure minérale du paysage

L’hiver pose un voile de quiétude sur le Beaujolais et le Mâconnais. À cette période, la vigne entre en repos végétatif : les feuilles ont toutes chuté, les ceps se dressent, nus, sur les pentes, dessinant un graphisme quasi-minéral. C’est la saison des tailles, un travail discret mais fondamental réalisé entre décembre et mars par tous les domaines — on estime qu’il existe environ 18 000 hectares de vignes à tailler dans le Beaujolais, et près de 6 800 hectares dans le Mâconnais (Sources : Inter Beaujolais, BIVB).

  • Lumière vive et ciels clairs : Une lumière hivernale, rasante, accentue le relief marqué par les murets de pierres sèches, typiques des secteurs de Juliénas ou de Fuissé.
  • Les sols révélés : Sans la végétation, on distingue les différentes géologies : sols granitiques dans le nord Beaujolais, calcaires du Mâconnais… Ces contrastes sont particulièrement visibles après la pluie ou la neige.
  • Vie au ralenti, mais travail intense : La taille détermine la future vigueur de la vigne, l’équilibre du rendement. C’est aussi le moment du tirage des bois, pratique exigeante et parfois peu visible pour les visiteurs.

Printemps : la renaissance en vert tendre

Dès mars-avril, la sève remonte : les bourgeons éclatent, la vigne reverdit. Les paysages changent rapidement, le vert tendre renouant avec la promesse d’une nouvelle récolte.

  • Floraison en mai-juin : Un événement discret mais crucial. C’est la phase où les futures grappes se forment. La rapidité ou la lenteur de la floraison dépend de la météo : une pluie à ce moment peut réduire de 10 à 30 % la future récolte, selon l’FranceAgriMer.
  • Paysages ponctués de couleurs : Les vergers côtoient les vignes dans le sud du Mâconnais. C’est aussi l’éclosion du colza, des coquelicots en lisière, une explosion de biodiversité encouragée par de nombreux viticulteurs en agriculture raisonnée ou bio.
  • Début des travaux d’entretien : Les sols sont griffés, les rangs aérés pour limiter l’enherbement, notamment dans les appellations bios qui représentent plus de 13 % de la surface en Beaujolais (source : Agence Bio, 2023).

L’été : la vigne en pleine croissance

L’été voit la vigne prendre de la hauteur – parfois plus d’un mètre en quelques semaines – et les paysages se densifient. La canicule, cependant, a parfois changé la donne ces dernières années ; on voit de plus en plus de vignerons adapter leur travail pour préserver la fraîcheur des raisins.

  • Véraison : Juillet/août : les grappes changent de couleur, passant du vert au doré (Chardonnay du Mâconnais) ou au mauve profond (Gamay du Beaujolais). C’est un formidable témoin pour les visiteurs, qui peuvent observer cette métamorphose dès fin juillet.
  • Feuillages denses et rangs ombragés : Les efforts de palissage (mise en place des fils de fer soutenant la vigne) sculptent le paysage. Certaines parcelles arborent des haies, nichoirs à mésanges ou bandes fleuries, gage de biodiversité bienvenue pour lutter contre les maladies.
  • Le jeu des microclimats : La diversité des sols et expositions amène d’importants écarts de maturation : vers Chénas, on gagne parfois dix jours d’avance sur les zones fraîches du Mâconnais (source : Domaine Chermette, 2022).
  • Rencontres et vie locale : C’est l’époque des marchés gourmands et des fêtes du vin en plein air, dans des cadres spectaculaires (Mont Brouilly, Roche de Solutré).

L’automne : symphonie de couleurs et temps des vendanges

Rares sont les régions où le paysage se métamorphose aussi spectaculairement qu’en Beaujolais et Mâconnais à l’automne. Dès la mi-septembre, la vigne entame sa mue ; une palette de jaunes, rouges, orangés et pourpres s’étend à perte de vue.

  • Vendanges : Elles mobilisent souvent plus de 30 000 saisonniers dans le Beaujolais selon la presse locale (source : Le Progrès).
  • Couleurs spectaculaires : La diversité des cépages (Gamay, Chardonnay, mais aussi Aligoté ou Pinot Noir sur certaines zones) produit des nuances différentes selon la variété, le sol et l’exposition.
  • Fin de cycle : Les feuilles tombent, libérant à nouveau les lignes du vignoble. Après la fête, la nature s’apaise, prête à recommencer son cycle.
  • Temps fort pour l’œnotourisme : Les “portes ouvertes” et événements autour du Beaujolais Nouveau attirent des milliers de curieux, témoins de la vitalité du vignoble.

Impact du climat : évolutions récentes et adaptation des paysages

Le passage des saisons se fait aujourd’hui dans un contexte de changement climatique visible : floraisons précoces, maturité avancée de la vendange (jusqu’à 20 jours plus tôt qu’il y a trente ans, selon l’INRAE), et épisodes de sécheresse impactant l’évolution des paysages.

  • Nouveaux modes de gestion des sols : De plus en plus de viticulteurs laissent pousser un couvert végétal spontané ou semé pour limiter l’érosion et protéger l’humidité du sol.
  • Diversification des plantations : L’apparition de cépages résistants (comme le Gamaret ou des sélections massales de Gamay) commence à modifier certains profils de rang, particulièrement dans le sud Beaujolais.
  • Adaptation des travaux d’été : Feuillage plus dense pour protéger les grappes du soleil, expérimentations de filets d’ombrage (Essais menés par l’IFV Rhône-Méditerranée, 2021).

Richesse de la biodiversité à chaque saison

Chaque saison façonne donc non seulement le décor mais aussi la vie qui l’habite :

  • En hiver, c’est la période idéale pour observer le ballet des rapaces, qui profitent du paysage ouvert.
  • Aux beaux jours, on recense plus de 800 espèces végétales différenciées dans les inter-rangs en Beaujolais et Mâconnais, favorisées par l’arrêt progressif des herbicides chimiques (sources : Observatoire de la Biodiversité en Vignes).
  • Les haies, mares et murets abritent plus de 180 espèces d’insectes recensés sur un seul coteau en Beaujolais selon l’association Arthropologia.

À noter : de nombreuses exploitations ouvrent leurs portes pour des balades “nature” ou observations guidées de la faune et de la flore à chaque saison du cycle, notamment sur la Route des Vins du Mâconnais-Beaujolais (Destination Saône-et-Loire).

Le regard des vignerons : entre transmission et adaptation

Les saisons agissent comme un fil rouge dans la vie des vignerons et façonnent aussi la culture locale :

  • De nombreux domaines perpétuent le calendrier lunaire, adapté aux lourdes variations de température typiques de la région.
  • La transmission des connaissances autour des gestes et de l’observation du climat reste essentielle, de famille en famille.
  • L’art du “paysage cultivé” est revendiqué : « Ici, la vigne est un jardin que l’on offre à tous », affirme-t-on souvent à Fleurie ou Vergisson.

Certaines coopératives ou caves indépendantes organisent d’ailleurs des ateliers-découverte pour faire ressentir ces évolutions de saison, en associant dégustation, observation du paysage, et rencontres avec les “faiseurs de vin”.

Explorer le vignoble au fil des saisons : conseils & idées d’expériences

  • Hiver : Balade dans les côteaux enneigés de Saint-Amour ou dénichage de caves pour déguster à l’abri du froid.
  • Printemps : Parcours des sentiers entre Juliénas et Chaintré, pour profiter de la renaissance du végétal et des douces températures.
  • Été : Observation de la véraison et des marchés gourmands, randonnées au lever du soleil sur la Roche de Solutré.
  • Automne : Parcours photographique sur les “balcons du Beaujolais”, initiation à la cueillette à la vigne, participation aux fêtes des vendanges.

Invitation à observer, savourer et transmettre

Le spectacle vivant des saisons dans les vignobles du Beaujolais et du Mâconnais offre un tableau mouvant, accueillant l’œil averti comme le promeneur de passage. Sillonner ces vignobles à différents moments de l’année permet d’approcher la richesse d’un même terroir dans ses multiples métamorphoses, de mieux comprendre l’alchimie entre la nature et l’intervention humaine, et de partager la passion tranquille d’un territoire vivant, toujours en dialogue avec ses saisons.

Sources : Inter Beaujolais, BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne), Agence Bio, FranceAgriMer, INRAE, Observatoire de la Biodiversité en Vignes, Association Arthropologia, Destination Saône-et-Loire.

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