Beaubourg Wine Tour Évasion Viticole

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Secrets de sols et de collines : comment le Beaujolais et le Mâconnais sculptent l’âme de leurs vins

Voyage au cœur des vignobles du Beaujolais et du Mâconnais

14 novembre 2025


Le Beaujolais et le Mâconnais : deux voisins, mais des identités singulières

Entre la vallée de la Saône et les premiers reliefs du Massif central, une mosaïque de paysages déroule ses lignes de ceps, oscillant du Beaujolais septentrional jusqu'à la pointe méridionale du Mâconnais. Malgré leur proximité géographique, ces deux vignobles sont loin d’être semblables. Ce sont même leurs différences – de sols, de topographie, de climat – qui confèrent à leurs vins une personnalité distincte, reconnaissable entre mille.

Pour saisir la singularité de chaque vallée, il faut comprendre combien le mot terroir prend ici tout son sens : il ne s’agit pas seulement de sol, mais aussi de relief, d’altitude, d’exposition, de microclimat, d’histoire humaine… Autant de facettes qui apportent finesse, structure ou gourmandise à un même cépage, modelant ainsi de véritables identités de vins.

Géologie et sols : des fondations qui racontent l’histoire du goût

Le Beaujolais et le Mâconnais, bien qu’étant des vignobles voisins, sont le fruit de géologies très différentes. Explorez leurs sous-sols, et c’est tout un livre d’histoire de la Terre qui défile sous vos pieds !

Du granit au calcaire : la palette du Beaujolais

  • Au nord du Beaujolais, la vigne prospère sur des sols granitiques et schisteux vieux de plus de 300 millions d’années. Ces terres acides, pauvres et bien drainées concentrent l’expression du cépage Gamay, offrant aux crus comme Morgon, Moulin-à-Vent ou Fleurie une structure tannique affirmée, une fraîcheur et une remarquable capacité de garde.
  • Au sud – le Bas Beaujolais ou “Beaujolais des Pierres Dorées” – le paysage change radicalement : les sables, argiles et un manteau calcaire jaune confèrent aux vins un profil plus souple, fruité, immédiat. C’est ici que l’on trouve les rosés les plus légers et nombre de Beaujolais Villages à l’aromatique joviale (source : Inter Beaujolais).

Le calcaire roi et la complexité mâconnaise

  • Le Mâconnais s’étend sur des terres jurassiques, marquées par une domination du calcaire et de marnes fossilifères. Ces sols ont une influence directe sur la minéralité et la tension des vins blancs issus du Chardonnay.
  • On retrouve aussi des grès, des argiles et quelques poches de silex, surtout autour de Pouilly-Fuissé ou de Saint-Véran. Ici, chaque village – de Viré à Solutré – développe son identité sur la base d’un même cépage, preuve s’il en fallait que la notion de climat (au sens bourguignon) épouse la géologie à la perfection (source : Union des Producteurs de Vins Mâcon).

L’influence du relief et des expositions : quand la lumière façonne le vin

Le paysage viticole n’est pas qu’une carte postale. Il joue un rôle déterminant sur la maturation des raisins, la concentration des arômes et la qualité sanitaire des baies.

  • Dans le Beaujolais, les vignes s’alignent en majorité sur les contreforts du Massif Central, de 200 à 500 m d’altitude. Les pentes, parfois abruptes (plus de 30 % de déclivité à Chiroubles !), favorisent le drainage, l’ensoleillement du matin, préservant la fraîcheur et l’acidité.
  • Dans le Mâconnais, le relief est marqué par les célèbres “monts” de Solutré, Vergisson ou Pouilly, véritables icônes calcaires culminant à 495 m. Les vignes forment ici de petits amphithéâtres naturels, baignant dans une luminosité douce et une ventilation bienvenue – limitant ainsi le développement de maladies fongiques.

Fait marquant : le Mâconnais compte plus de 20 % de vignes exposées sud-est ou sud, un record pour la Bourgogne, qui explique la rondeur et la maturité fruitée de ses blancs, sans pour autant sacrifier la fraîcheur (source : Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne).

Les microclimats de la Saône à la Roche de Solutré

Entre la Loire à l’ouest et la Saône à l’est, Beaujolais et Mâconnais bénéficient d’une remarquable diversité climatique. Cette variété s’incarne dans les microclimats, capables d’influencer chaque parcelle, chaque grappe.

  • Le Beaujolais est soumis, au nord, à une influence semi-continentale : hivers parfois rigoureux, étés chauds, amplitudes thermiques parfois extrêmes (jusqu’à 20°C d’écart jour/nuit en juillet-août). À l’ouest, les reliefs protègent des pluies. Les brumes matinales, fréquentes dans les combes, participent à la préservation des arômes.
  • Le Mâconnais est plus méridional : printemps précoces, automnes doux, un nombre d’heures d’ensoleillement par an supérieur à la moyenne bourguignonne (environ 2000 heures selon Météo France), permettant une maturité optimale de la vendange.

À Viré-Clessé, par exemple, l’alternance d’humidité nocturne et d’ensoleillement diurne crée des conditions idéales pour le développement du “bourgeon doré”, cette fine pruine dorée qui signe la maturité parfaite du Chardonnay.

La main de l’homme : traditions et savoir-faire au service du terroir

Au fil des siècles, les vignerons ont appris à respecter – et sublimer – la diversité de leur environnement. C’est la raison pour laquelle les appellations (AOC/AOP) sont si précises : chaque terroir reconnu correspond à une expérience empirique, parfois dégustée sur plusieurs générations.

Segmentation des crus et sélection parcellaire

  • Le Beaujolais a fait de ses 10 crus l’écrin de cette diversité : Morgon, Régnié, Chiroubles, Brouilly… Chacun possède sa personnalité, dictée par la géologie, l’altitude et le travail du sol. Ainsi, un cru comme Moulin-à-Vent doit sa puissance aux manganèses de ses sols, tandis que Chiroubles, à 400 m d’altitude, privilégie la délicatesse et la finesse.
  • Dans le Mâconnais, les climats sont nommés, et parfois même revendiqués en premier cru (depuis 2020 pour Pouilly-Fuissé). L’influence calcaire de Solutré s’exprime dans la minéralité et la tension des blancs, tandis que la présence d’argile à Vergisson amène une rondeur et une texture unique.

Approches culturales : traditions et nouvelles pratiques

  • La pratique du goblet, très répandue en Beaujolais, perpétue un mode de conduite de la vigne adapté à la forte densité de plantation (jusqu’à 10 000 pieds/ha), avec une taille courte pour limiter les rendements et favoriser la concentration.
  • L’essor de la viticulture biologique – plus de 20 % des surfaces en conversion ou certifiées en Mâconnais selon l’INAO en 2022 – témoigne de la volonté des vignerons de renouer avec l’expression la plus pure du terroir : travail du sol, réduction des entrants, vendanges manuelles.

Des anecdotes et chiffres qui illustrent cette diversité

  • Le Beaujolais compte plus de 300 géotypes de granite recensés (source : BRGM), chacun apportant nuances et micro-différences, parfois sur quelques centaines de mètres.
  • À Saint-Amour, les vins issus de sols argilo-siliceux sur granite, exposés au nord-est, se dégustent traditionnellement à la Saint-Valentin, symbole du mariage fécond entre terroir et tradition.
  • La Roche de Solutré, emblème du Mâconnais, influence la structure du Chardonnay sur moins de 5 km, au point qu’il existe désormais 22 “climats” reconnus en Pouilly-Fuissé premier cru autour de ce seul escarpement (source : Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, 2020).
  • Les vendanges manuelles restent la règle pour les crus du Beaujolais : seuls 15 % des surfaces sont vendangées mécaniquement dans les appellations, preuve du lien entre geste humain, respect du terroir et identité du vin.

Quand la nature façonne les émotions : le goût et l’esprit des paysages

Finalement, déguster un Beaujolais ou un Mâconnais, c’est partir en voyage. Derrière chaque verre, ce sont les collines, la lumière, le grondement du vent sur la Roche de Solutré, l’odeur de la terre après la pluie qui s’expriment. Ce travail d’alchimie naturelle et humaine se retrouve dans le verre : avec la souplesse fruitée et la franchise du Gamay sur granite, la tension minérale du Chardonnay mûri sur calcaire, la finesse d’un Brouilly ou la générosité d’un Saint-Véran.

La beauté de ces vignobles, c’est d’offrir des expériences renouvelées, saison après saison : violettes au printemps, maturité éclatante sous les vendanges, brouillards fantomatiques à l’automne… autant de nuances qui se lisent dans la robe et le bouquet du vin.

Le terroir n’est pas qu’un assemblage de constituants chimiques. Il est la mémoire collective d’un paysage et de ses habitants, constamment renouvelée par l’énergie de ceux qui le travaillent et de ceux qui le goûtent.

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