Beaubourg Wine Tour Évasion Viticole

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Des Romains à nos jours : Voyage au cœur de l’histoire du vignoble du Beaujolais

Voyage au cœur des vignobles du Beaujolais et du Mâconnais

14 août 2025


Des origines antiques aux premières vignes : les racines du Beaujolais

Le Beaujolais n’a pas attendu la célébrité moderne pour écrire ses premières pages de vigne. Dès l’Antiquité, cette bande de terres vallonnées, à cheval entre Saône et Loire, attire les regards. Les premières traces de viticulture dans la région remontent à l’époque gallo-romaine, entre le Ier et le IVe siècle après J.-C.

  • Les Romains étrangers au terroir : Ils introduisent la culture de la vigne et l’art du vin sur ces hauteurs drainantes. Des vestiges de pressoirs et de dolia (jarres à vin) retrouvés à Saint-Lager et dans la région de Belleville attestent d’une activité viticole bien établie (source : Musée Départemental du Rhône).
  • L’origine du nom : Le nom “Beaujolais” viendra plus tard, issu de la seigneurie de Beaujeu, fondée au Xe siècle. À l’origine, on parlait surtout d’“Arpitania” ou simplement de “vins de la Saône”.

Le Moyen Âge et la ferveur monastique, architectes du vignoble

Au Moyen-Âge, la vigne s’enracine durablement grâce à une impulsion religieuse. Les abbayes de Cluny et de Savigny, puissantes et entreprenantes, structurent la région. Les moines, véritables experts agronomes de leur temps, sélectionnent les meilleurs terroirs, organisent les villages et perfectionnent les méthodes de culture.

  • Monastères, chevaliers et bourgeois :
    • Les cisterciens œuvrent à la sélection des cépages et à la plantation raisonnée autour des villages comme Juliénas, Fleurie ou Chénas (source : La Route des vins du Beaujolais).
    • La famille de Beaujeu favorise dès le XIIe siècle l’essor commercial du vin, alors que Mâcon alimente les grandes villes voisines, Lyon en tête.
  • Le vin du Beaujolais gagne la ville :
    • À Lyon, la “taverne de la Pyramide” vend dès le XIIIe siècle le petit “vin de Beaulosio” aux habitants mais aussi aux marchands rhodaniens en transit.
    • Le “Vin du Sire de Beaujeu” devient une référence régionale à la table des bourgeois lyonnais du XVe siècle (source : La Vigne et le Vin en Beaujolais, C. Plot).

Des guerres de religion à la Renaissance : une vitalité renouvelée

La période des guerres de religion perturbe le développement du vignoble mais n’en brise pas l’élan. Au contraire, le XVIIe siècle voit la vigne reprendre ses droits et le commerce du vin gagne en dynamisme. Le Beaujolais se distingue alors par la qualité de ses vins clairs et fruités, qui plaisent aux papilles de la bourgeoisie lyonnaise et, au-delà, des cours d’Europe.

  • Une carte des vins en pleine expansion :
    • En 1660, l’édit de Louis XIV facilite le transport du vin par la Saône, ouvrant les portes de Paris à la production du Beaujolais.
    • Les “chapons”, barriques fines et droites, remplacent les fûts pour un transport plus efficace, stimulant encore le commerce.
  • Apparition du Gamay : C’est dans cette période qu’un cépage clé gagne le devant de la scène. Malgré une ordonnance de Philippe le Hardi (1395) bannissant le Gamay de Bourgogne pour préserver la réputation du Pinot Noir, le cépage trouve dans le granit du Beaujolais un accueil favorable. Il va façonner, pour des siècles, le style du vin local.

Le XIXe siècle : l’âge d’or et la révolution du chemin de fer

L’arrivée du chemin de fer dans la deuxième moitié du XIXe siècle marque véritablement la modernité du vignoble Beaujolais. Dès 1854, la ligne Paris-Lyon-Méditerranée relie Villefranche-sur-Saône à la capitale, ouvrant de nouveaux marchés au vin du Beaujolais.

  • Explosion du commerce :
    • En 1850, on comptait environ 15 000 hectares de vigne en Beaujolais. En 1900, ce sont près de 23 000 hectares (source : Maison des vins du Beaujolais).
    • Les maisons de négoce s’installent près des voies ferrées, permettant une logistique fluide vers Lyon, puis Paris et même Londres.
  • Crises et résilience :
    • Le phylloxéra, qui dévaste le vignoble à la fin du XIXe, n’épargne pas le Beaujolais. Reconstitué par le courage des vignerons grâce aux porte-greffes américains, le vignoble est relancé dès les années 1900.
    • Le paysage du Beaujolais actuel naît, fondé sur la monoculture du Gamay, adapté au relief granitique.

Du XXe siècle à l’ère du Beaujolais nouveau : un nouveau souffle populaire

Après la Seconde Guerre mondiale, le vignoble connaît un récent coup d’accélérateur. Les années 1950 voient exploser un phénomène désormais mondial : le Beaujolais Nouveau. L’histoire de ce vin primeur débute localement avec la fête régionale du 3ème jeudi de novembre, mais prend des proportions internationales dans les années 1970 grâce aux maisons de négoce et à une communication audacieuse.

  • Quelques chiffres clés :
    • Chaque année, ce sont plus de 100 millions de bouteilles de Beaujolais Nouveau qui ont parfois été expédiées dans 110 pays à la fin des années 1980 (source : Inter Beaujolais).
    • Son pic de popularité a lieu fin des années 1980, début 1990 ; aujourd’hui, on tourne autour de 25 à 30 millions de bouteilles par an.
  • Une mosaïque d’appellations :
    • La reconnaissance officielle du Beaujolais remonte à 1936 avec la naissance de l’AOC. Aujourd’hui, ce sont 12 appellations qui animent la région : Beaujolais, Beaujolais Villages et les célèbres crus comme Morgon, Fleurie ou Moulin-à-Vent.
    • Les crus du nord, à dominante granitique, proposent un style plus structuré, alors que le sud, sur sols argilo-calcaires, exprime des vins gourmands et fruités.

Vers l’avenir : innovations et défis d’un vignoble en pleine mutation

L’histoire du Beaujolais n’est pas figée. Après l’époque dorée du “Nouveau” et face à un contexte de consommation évolutif, la région opère aujourd’hui sa mue. Les jeunes vignerons insufflent des valeurs nouvelles : retour à l’organique, exploration du patrimoine parcellaire, vinifications innovantes.

  • Initiatives d’aujourd’hui :
    • La part du bio ne cesse de progresser. En 2023, près de 13 % du vignoble étaient convertis ou en conversion à l’agriculture biologique (Chambre d’agriculture du Rhône).
    • Un retour à la macération carbonique traditionnelle ou à des vinifications “nature” séduit un nouveau public.
    • Diversité des styles, multiplication des cuvées parcellaires et recherches sur des cépages résistants ou autochtones re-dessinent les contours du Beaujolais de demain.
  • Les grands défis :
    • Le réchauffement climatique pousse à la réflexion : gestion de la maturité du Gamay, adaptation des pratiques, réflexion autour d’éventuelles nouvelles variétés pour l’avenir.

Le Beaujolais s’affirme aujourd’hui comme un laboratoire de la viticulture française : fort de son histoire mouvementée, attaché à son terroir, tourné vers un avenir à réinventer sans cesse.

Petites anecdotes méconnues du Beaujolais

  • Saviez-vous que le maire de Paris, tradition héritée du XIXe siècle, reçoit chaque année les premières bouteilles de Beaujolais Nouveau, marquant symboliquement l’ouverture officielle de la saison dans la capitale ?
  • À Romanèche-Thorins, le Musée du vin du Hameau Dubœuf retrace l’histoire du vignoble, avec une collection de près de 3 000 objets liés à la viticulture, unique en France.
  • En 2018, le Beaujolais a accueilli le premier “Concours du meilleur mâchon”, célébrant la tradition lyonnaise du casse-croûte matinal, associant charcuteries locales et cru du vignoble.

Perspectives sur le futur du Beaujolais

Richesse des terroirs, histoire faite d’audace et de résilience, célébrité planétaire puis renouveau des pratiques : l’histoire du vignoble du Beaujolais est celle d’une perpétuelle réinvention. Entre anciennes générations et jeunes vignerons visionnaires, le Beaujolais tisse aujourd’hui de nouveaux liens entre tradition locale et grande aventure internationale. Le meilleur moyen de s’imprégner de cette histoire ? Pousser la porte d’un domaine, discuter autour d’un verre, et écrire à sa façon le prochain chapitre de cette saga viticole.

Sources principales consultées :

  • Musée du vin du Hameau Dubœuf
  • Inter Beaujolais
  • Chambre d’Agriculture du Rhône
  • Maison des vins du Beaujolais
  • Route des vins du Beaujolais
  • La Vigne et le Vin en Beaujolais, C. Plot

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