Le phylloxéra (Phylloxera vastatrix), est un minuscule insecte, originaire d’Amérique du Nord, débarqué accidentellement en Europe vers 1863. Capable d’attaquer la vigne sous terre en rongeant ses racines, il provoque lentement mais sûrement la mort des ceps. Contrairement à d’autres maladies de la vigne, il était presque invisible à l’œil nu, ce qui a retardé l’identification du coupable et la mise en place de moyens de lutte appropriés.
Ce ravageur a trouvé en France un terrain d’expansion idéal : près de 2,5 millions d’hectares de vignes étaient alors plantés en cépages européens (Vitis vinifera), très vulnérables, contrairement aux vignes américaines qui, elles, y résistaient naturellement (Larousse).
La brèche s’est ouverte dans le sud de la France dès la décennie 1860, mais le Beaujolais et le Mâconnais – tout comme la Bourgogne entière – ont d’abord espéré rester à l’écart. Mais l’illusion fut de courte durée.
Le passage du phylloxéra ne se résume pas à un simple problème agricole. Il bouleverse tout un monde rural, fondé sur la vigne depuis des générations. Dans le Mâconnais comme dans le Beaujolais, viticulteurs, propriétaires, ouvriers de la vigne et artisans sont confrontés à une crise d’une ampleur inédite.
Face à cette catastrophe, les vignerons du Beaujolais et du Mâconnais expérimentent toutes sortes de solutions, parfois farfelues, souvent inefficaces, avant d’adopter celles qui changeront le visage du vignoble français.
La crise du phylloxéra n’a pas simplement effacé des vignes : elle a remodelé le paysage viticole et permis une véritable « reconstruction » des terroirs.
L’impact du phylloxéra ne s’arrête pas au plan économique : il a profondément marqué la vision du vignoble et le rapport des habitants à leur terroir.
Aujourd’hui, la menace du phylloxéra reste sous contrôle grâce aux porte-greffes américains, mais la crise du 19e siècle est encore présente dans les mémoires. Des panneaux pédagogiques, des musées locaux comme celui de Romanèche-Thorins ou de Juliénas, retracent cet épisode fondateur.
Si les vignobles du Beaujolais et du Mâconnais réjouissent aujourd’hui les amateurs, c’est en grande partie aux leçons tirées de cette crise et à la résilience de ses vignerons qu’ils le doivent. Le patrimoine viticole s’est enrichi de nouvelles pratiques, d’une culture coopérative et d’une inventivité qui font aujourd’hui la richesse et la diversité de ces terroirs.
À chaque dégustation, difficile d’oublier qu’une grande part du charme des paysages viticoles est le résultat d’une lutte acharnée contre l’adversité. Le phylloxéra a laissé plus de cicatrices que de rides : celles d’une renaissance qui s’inscrit durablement dans l’histoire et le cœur des vignobles du Beaujolais et du Mâconnais.
15/10/2025
Les paysages vallonnés du Beaujolais et du Mâconnais évoquent aujourd’hui l’excellence d’un vignoble mondialement réputé. Mais depuis quand la vigne y a-t-elle planté racine ? Derrière chaque bouteille se cachent des siècles d...
29/10/2025
La beauté paisible des paysages viticoles du Beaujolais et du Mâconnais cache souvent une histoire mouvementée. La vigne est une rescapée : résilience, adaptation, mais aussi bouleversements spectaculaires ont rythmé son évolution. Le vin est bien plus...
01/11/2025
Le XIXe siècle a vu s’opérer un profond bouleversement dans l’univers viticole français. Pour les terres du Beaujolais et du Mâconnais, ces années furent synonymes de mutations à la fois douloureuses et porteuses d...
26/10/2025
L’histoire viticole des deux régions débute avec l’expansion de la culture de la vigne par les Romains. Dès le Ier siècle après J.-C., les légions et les colons favorisent le d...
12/10/2025
Le Beaujolais et le Mâconnais, lovés au sud de la Bourgogne, racontent une histoire du vin ancrée depuis près de deux mille ans. Les premières vignes s’installent ici à l’époque gallo-romaine : les vestiges arch...