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Voyage au cœur des sols : comprendre les terroirs du Beaujolais et du Mâconnais

Voyage au cœur des vignobles du Beaujolais et du Mâconnais

16 novembre 2025


Le sol : fondement du terroir

Avant de remonter dans le verre, le vin s’écrit d’abord sous nos pieds. Dans tout le Beaujolais et le Mâconnais, c’est bien la variété des sols qui façonne la diversité des vins : texture, richesse, capacité à retenir l’eau, nature des minéraux… Chaque détail influence la façon dont les vignes poussent, et la manière dont elles expriment leur cépage fétiche : le gamay au nord, le chardonnay au sud.

  • En Beaujolais : le sol est le grand sculpteur d’un gamay tout en fraîcheur, en fruit et en finesse.
  • Dans le Mâconnais : l’équilibre entre calcaire et argile fait du chardonnay une star mondiale, oscillant entre vivacité et rondeur.

De Villefranche-sur-Saône à Mâcon, en passant par Juliénas ou Clessé, les géologues relèvent pas moins de 200 types de sols distincts (source : Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, 2023). Alors, explorons ce puzzle passionnant, secteur par secteur.

Le Beaujolais : un patchwork de granite, de schiste et de variations subtiles

Granite : l’âme du Beaujolais “villages” et des crus

Le nord du Beaujolais, autour de Villefranche-sur-Saône, Fleurie ou Morgon, est dominé par des granites altérés, vieux de plus de 350 millions d’années. Ce sont des sols acides, légers, sableux en surface, riches en quartz et feldspaths, où le gamay trouve son terrain de jeu favori.

  • Aptitude : parfaite pour le gamay, qui y développe beaucoup de finesse, des notes florales, de fruits rouges frais et une remarquable buvabilité.
  • Zones clés : Saint-Amour, Juliénas, Moulin-à-Vent, Chiroubles, Fleurie, Morgon, Régnié…
  • Effet terroir : la vigne, confrontée à peu de nutriments, donne de petites baies très aromatiques ; la trame minérale perce dans le verre.

Schiste, grès, silt : la diversité du Beaujolais méridional

En s’éloignant du cœur granitique, la géologie s’enrichit de bandes de schistes bruns et de grès, souvent mêlés à des argiles limoneuses (“silt”). Ces formations, parfois bien visibles dans les parcelles de Brouilly ou Côte de Brouilly, apportent structure et ampleur.

  • Brouilly : on trouve un cône volcanique unique (le Mont Brouilly), posé sur une base de diorites (“pierre bleue”), issue d’un magma refroidi à faible profondeur ! Cette pierre, rare en France, donne au gamay un grain tannique et une droiture inhabituels.
  • Romanèche-Thorins (Moulin-à-Vent) : mélange de granite, argiles, manganèse et quartz, d’où naissent des vins charpentés, d’une garde remarquable.

Au sud : argiles, calcaires et alluvions

Le sud du Beaujolais offre un basculement progressif vers des sols plus argileux et calcaires, prolongement logique du Mâconnais voisin. Ces terres accueillent d’ailleurs une petite production de chardonnay (“Beaujolais blanc”) et d’excellents rosés.

  • Pierres Dorées : les fameux villages dorés sont bâtis sur des calcaires ocre, riches en fer et en oxydes, d’où les ceps puisent des notes de fruits secs et d’épices douces.
  • Alluvions de vallées : des terroirs plus profonds, fertiles, idéals pour les Beaujolais génériques, souvent ronds et accessibles.

Le Mâconnais : royaume du calcaire et des argiles grises

Un socle calcaire remarquable : legs du Jurassique

Le Mâconnais, au sud de la Bourgogne, est d’abord une terre de calcaires, formés durant l’ère jurassique (150 à 180 millions d’années). Ces couches blanches, parfois affleurantes, se remarquent tout de suite dans le paysage, en falaises ou en affleurements (Roche de Solutré, Roche de Vergisson).

  • Calcaire à entroques (Bathonien, Bajocien) : facile à reconnaître, il donne des arômes crayeux, des vins tendus, salins, particulièrement prisés en AOC Viré-Clessé ou Pouilly-Fuissé.
  • Craie et marnes : présentes dans le Mâconnais oriental, elles offrent de la rondeur, une texture soyeuse et des arômes de fleurs blanches ou de beurre frais au chardonnay.

Argiles grises, sables et marnes : la complexité mâconnaise

En alternance, le Mâconnais surprend par ses intercalations d’argiles grises et de marnes (mélange argilo-calcaire). Ces sols se resserrent autour de Mâcon, Lugny ou encore Saint-Véran, et diffusent doucement l’eau et la chaleur aux vignes.

  • Effet sur le vin : le chardonnay y est chaleureux, expressif, souvent gourmand, mais conserve sa minéralité essentielle.
  • Précision du terroir aboutie : la diversité de sols explique la soixantaine de “climats” (parcelles identifiées) en Pouilly-Fuissé, désormais reconnus en Premier Cru depuis 2020 (source : BIVB).

La Roche de Solutré, témoin géologique extraordinaire

Impossible d’évoquer les sols du Mâconnais sans s’arrêter sur cet éperon calcaire, vieux de 160 millions d’années, classé Grand Site de France. La Roche de Solutré a été sculptée par la mer, puis par l’érosion, laissant un calcaire particulièrement pur où s’ancrent aujourd’hui des vignes d’exception. Les vins issus de ses flancs sont puissants, élégants, longs en bouche, recherchés dans le monde entier (source : Unesco, 2021).

Comprendre l’effet de chaque type de sol sur le vin

Les conséquences sur le vin sont loin d’être anecdotiques. Même avec le même cépage, les nuances d’un terroir à l’autre sont saisissantes.

  • Granite (Beaujolais nord) : vins vifs, fruités, précis, floraux, idéals pour une première approche du gamay.
  • Schiste et grès : structure tannique plus marquée, vinosité, profondeur ; parfaits en accompagnement de viandes ou plats régionaux.
  • Argiles – calcaires (sud Beaujolais, Mâconnais) : apportent rondeur, maturité, bouche ample et souvent une belle longueur saline ou crayeuse.
  • Marnes : arômes beurrés, notes de fruits blancs ou exotiques, vins taillés pour la garde.
  • Alluvions profondes : vins faciles, souples, taillés pour le plaisir immédiat.

Un détail qui fait rêver : à Morgon, le climat “Côte du Py” est isolé sur un ancien cratère volcanique, recouvert de schistes friables, d’argiles bleues et de manganèse. C’est là que naissent les mots “il a morgonné” pour décrire un vin qui “goûte le Py”, gorgé d’un caractère unique (source : INAO).

Le travail du vigneron, acteur incontournable du sol vivant

Si la nature donne le ton, c’est le vigneron qui, chaque jour, observe, laboure, privilégie ou non l’enherbement, adapte la densité de plantation pour respecter la vigueur des racines, et façonne ainsi la personnalité du vin.

  • En Beaujolais, nombreux sont ceux à repenser leur façon de protéger et de valoriser ce sol granitique fragile, par l’agriculture biologique et l’agroforesterie (source : Vins du Beaujolais, 2022).
  • Dans le Mâconnais, le recours aux chevaux de trait pour les labours gagne du terrain, pour respecter la vie microbienne du sol et préserver la structure fragile des marnes.

Aujourd’hui, les deux régions comptent plus de 40 % de domaines certifiés ou en conversion bio (source : Agence Bio, 2023), gage de cette volonté de renouer avec le sol vivant.

Terroirs à découvrir : suggestions de balades pour voir la géologie “en vrai”

  • Le circuit des crus du Beaujolais nord : partez de Moulin-à-Vent, traversez les vignes jusqu’à Morgon (Py) ou Fleurie pour observer les affleurements granitiques et l’incroyable patchwork de couleurs dans les sols.
  • Randonnée autour de la Roche de Solutré (Mâconnais) : un sentier permet de lire les couches géologiques à même la pierre, tout en profitant des plus beaux panoramas viticoles de Bourgogne du Sud.
  • Vieux villages des Pierres Dorées : Oingt, Theizé, Charnay-lès-Mâcon… Balades conseillées pour admirer architectures et murets bâtis dans la fameuse pierre calcaire ocre, signature géologique de la zone.

L’incroyable richesse du sol, promesse d’une diversité de vins

S’il fallait garder une image du Beaujolais et du Mâconnais, ce serait celle d’un sol vivant, riche de contrastes et de surprises, dont le moindre recoin influe sur le vin. Outre le plaisir de la dégustation, la découverte de la géologie offre de nouvelles clés pour comprendre ce qui rend chaque cuvée unique. Un terrain de jeu passionnant, à explorer verre en main… ou chaussures de randonnée aux pieds.

Sources : Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), Vins du Beaujolais, INAO, Agence Bio, Unesco, Géologie du Beaujolais – Jean-Paul Blanchet (Édisud)

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