Beaubourg Wine Tour Évasion Viticole

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L’œnotourisme : Le vent nouveau qui a transformé le Beaujolais et le Mâconnais

Voyage au cœur des vignobles du Beaujolais et du Mâconnais

11 novembre 2025


L’œnotourisme, moteur du renouveau : Pourquoi et comment tout a changé ?

Pendant longtemps, les routes des vins du Beaujolais et du Mâconnais étaient peu fréquentées, réservées à quelques initiés ou passionnés en quête d’authenticité. Mais depuis une vingtaine d’années, une révolution douce s’est installée : l’œnotourisme. Cette alliance entre découverte des paysages, rencontres humaines et dégustation, a redéfini à la fois la vocation et l’image de nos vignobles.

D’après Atout France, la France attire chaque année près de 10 millions d’œnotouristes, générant plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (Atout France, 2021). Beaujolais et Mâconnais, même loin derrière les géants que sont Bordeaux ou la Champagne, se sont emparés de cette nouvelle énergie. Le territoire Beaujolais a ainsi accueilli plus de 1,3 million de visiteurs sur ses routes en 2022, avec une hausse régulière de 5 % par an depuis 2015 (source : Inter Beaujolais).

Les vignobles sortent de l’ombre : diversification et création d’une identité touristique

Avant l’essor de l’œnotourisme, la notoriété du Beaujolais oscillait entre la fête du "Nouveau" et une réputation parfois injustement limitée à des vins de soif. Côté Mâconnais, l’image restait discrète, centrée sur ses Chardonnay élégants mais peu connus du grand public.

L’arrivée de l’œnotourisme a changé la donne :

  • Développement d’un accueil structuré : De nombreux domaines ont investi dans l’aménagement de salles de dégustation, de parcours pédagogiques, ou même de gîtes et de chambres d’hôtes. En 2023, plus de 250 domaines dans le Beaujolais proposaient un accueil touristique structuré.
  • Valorisation du patrimoine bâti et naturel : Visites de caves historiques, balades dans les vignes en vélo électrique, découverte de châteaux... Les visiteurs découvrent un tissu patrimonial étonnant, souvent méconnu même des habitants.
  • Naissance d’une vraie « destination » œnotouristique : Le Beaujolais a obtenu le label Vignobles & Découvertes en 2010, une reconnaissance qui entraîne chaque année de nouveaux projets, et favorise l’émergence d’une identité territoriale très forte.

Chiffres-clés : Impact économique et attractivité

L’œnotourisme est devenu une ressource essentielle. Selon une étude menée par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bourgogne (CIVB), le séjour moyen d’un œnotouriste bourguignon est de 2,3 jours, pour une dépense moyenne de 411 € à l’échelle régionale (source : CIVB, 2019). Le Beaujolais et le Mâconnais bénéficient autant que les hauts lieux plus anciens, et leurs investissements portent leurs fruits :

  • En 2022, l’œnotourisme a représenté près de 12 % des recettes touristiques du Rhône (Conseil Départemental du Rhône).
  • La Route des Vins du Beaujolais (140 km, 12 appellations traversées) accueille aujourd’hui plus de 45 % des touristes internationaux de la région Rhône-Alpes.
  • Près de 60 % des visiteurs déclarent revenir spécifiquement pour une nouvelle expérience d’œnotourisme, créant un cercle vertueux pour la notoriété et l’économie locale.

Nouveaux visages, nouvelles expériences

L’une des conséquences majeures de l’essor de l’œnotourisme est la transformation du métier de vigneron et la diversification des profils accueillants.

  • Le vigneron devient ambassadeur : Les viticulteurs s’ouvrent à l’accueil, formés à la médiation culturelle et à la pédagogie. Beaucoup proposent aujourd’hui des expériences sur-mesure : ateliers d’assemblage, pique-niques dans les vignes, balades commentées avec dégustation, etc.
  • Développement de réseaux collaboratifs : Des collectifs comme « Destination Beaujolais », « Les Ambassadeurs du Mâconnais », favorisent l’entraide, la mutualisation d’événements et la construction d’une offre commune, bien au-delà des simples dégustations classiques.
  • Événements créatifs et fédérateurs : Fêtes du Nouveau, randonnées gourmandes, festivals musicaux dans les caves, méditations dans les vignes… Le calendrier s’est étoffé de rendez-vous originaux et fédérateurs, renouvelant à chaque saison l’expérience originale.

L’œnotourisme, vecteur de nouvelles dynamiques sociales et environnementales

Au-delà des chiffres, l’essor de l’œnotourisme dans le Beaujolais et le Mâconnais a induit des changements profonds dans les mentalités et dans les pratiques.

Sensibilisation environnementale et pratiques durables

  • Le paysage comme valeur ajoutée : Les itinéraires, balades et manifestations mettent en avant la diversité des terroirs, la mosaïque de coteaux, de haies et de zones boisées, la nécessité de préserver ces paysages. Beaucoup de domaines profitent des visites pour sensibiliser à la biodiversité et à l’agroécologie.
  • Labels et démarches responsables : Le label Terra Vitis, la certification HVE (Haute Valeur Environnementale), ou encore les initiatives des Vignerons en Développement Durable sont au cœur de la communication auprès des touristes soucieux d’éthique.

Ouverture et mixité des publics

  • Les domaines s’adaptent aux divers profils de visiteurs : touristes internationaux, familles, jeunes actifs, groupes d'amis… L’œnotourisme casse l’image élitiste ou trop sérieuse du vin.
  • Initiatives spécifiques pour les publics en situation de handicap ou les enfants, avec des ateliers ludiques sur le goût ou la vinification sans alcool.

Patrimoine vivant : anecdotes et retombées culturelles

Quelques initiatives et anecdotes pour illustrer ce nouvel élan :

  • Le Hameau Dubœuf : Véritable parc à thème du vin, ce site créé à Romanèche-Thorins attire près de 100 000 visiteurs chaque année. Il mêle musées, jardins, jeux, dégustations et ateliers, offrant une expérience immersive pour tous les âges (Hameau Dubœuf).
  • Vignobles et patrimoine mondial : Depuis 2015, les « Climats de Bourgogne » sont inscrits à l’UNESCO, valorisant les paysages et savoir-faire. Cet apport rejaillit sur le sud bourguignon, renforçant l’attrait culturel du Mâconnais.
  • Mont Brouilly, sommet de partage : Site naturel emblématique, il accueille désormais un festival annuel associant sport, musique, et découverte du cru Brouilly sur fond de panoramas grandioses.
  • L’essor du slow tourisme : Séjours à vélo le long de la Voie Verte, itinérances en camping-car, rando-vignes, cartographie d’aires naturelles pour découvrir lentement et pleinement les villages, les traditions, et la table.

Les défis persistants et les perspectives à venir

Si l’œnotourisme a redessiné l’histoire récente de ces vignobles, il ne règlera pas tout. Plusieurs défis restent à relever :

  • La question de la saisonnalité : De nombreux visiteurs continuent à affluer principalement lors du printemps et de l’automne, laissant les domaines inquiets pour la basse saison.
  • La sensibilisation continue : Maintenir la qualité de l’accueil, renouveler les offres, équilibrer tourisme et vie locale... sont autant de chantiers en cours.
  • Gestion des flux : Certains villages et sites patrimoniaux voient leur capacité d’accueil testée lors de grands événements, posant la question de la préservation de l’authenticité et du respect de l’environnement.

Néanmoins, le dynamisme de l’œnotourisme a permis à ces territoires de retrouver une attractivité, une vitalité et une fierté renouvelée. Le Beaujolais et le Mâconnais, conscients de leurs forces et de leurs fragilités, poursuivent leur mue en s’inspirant à la fois de la tradition et de la modernité : tourisme participatif, numérique, expériences immersives (escape game dans les caves, chasse au trésor digitale dans les vignes…), partenariats avec des chefs et des artistes locaux, etc.

Vers une nouvelle histoire, en continu

À travers l’épanouissement de l’œnotourisme, les paysages du Beaujolais et du Mâconnais racontent maintenant mille histoires, mêlant vigne, hospitalité, créativité et transmission. Ils ne sont plus seulement des terres de production, mais des terres de rencontres et de liens.

Sur ces routes en pleine mutation, chaque visiteur repart avec une empreinte : celle d’un territoire généreux, jamais figé, continuellement réinventé par la curiosité, la passion et l’accueil.

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