Contrairement à d'autres appellations françaises aux sols plus uniformes, le Beaujolais et le Mâconnais offrent une diversité géologique rare en France, visible jusque dans la palette aromatique de leurs vins.
Cette disparité, héritage de 400 millions d’années, est renforcée par le jeu des failles tectoniques, l’érosion et le climat local (source : Inter Beaujolais).
Les célèbres crus du Beaujolais – Morgon, Fleurie, Moulin-à-Vent, entre autres – doivent beaucoup au granit rose et à ses altérations. Ce granit friable, pauvre en nutriments, limite la vigueur de la vigne et force la racine à s’ancrer profondément. Résultat : de petites baies concentrées, donnant des vins expressifs, avec un profil fruité intense (cerise, fruits rouges) et une belle structure tannique. Le sol granitique confère aussi, selon les études de l’INRAE, une acidité naturelle plus marquée, permettant une belle fraîcheur en bouche et un excellent potentiel de garde (source : INRAE, 2016).
Moins présent mais tout aussi déterminant, le schiste apparaît notamment dans certains coins de Régnié et Côte de Brouilly. Il favorise une maturation complète du gamay tout en libérant lentement la chaleur stockée le jour. Les vins issus de schistes révèlent souvent une finesse particulière, avec des notes d’épices douces et une minéralité subtile.
Au sud, près de Belleville, les sols deviennent plus profonds et argileux. Ils donnent naissance au “Beaujolais Nouveau”, à la structure souple, au fruit généreux, plus précoce à boire que ses cousins du Nord.
Ici, le cépage roi n’est plus le gamay, mais le chardonnay.
L’ensemble du Mâconnais bénéficie aussi de failles qui créent une diversité de micro-terroirs, expliquant la richesse aromatique de ses cuvées.
Une étude récente pilotée par le CNRS démontre qu’au sein d’un même village du Beaujolais, plus de 7 types de sols différents peuvent coexister sur moins de 5 km². Chaque nuance va s’exprimer dans la complexité des vins de lieu-dit (source : CNRS, “Géologie et terroir du Beaujolais”, 2021).
La palette géologique, couplée au climat, pilote l’expression des cépages mais aussi la biodiversité du vignoble. Certains sols (comme le granit ou le calcaire) drainent mieux l’eau – un atout avec le réchauffement climatique – là où les argiles la retiennent, ce qui peut sauver la vigne en cas de sécheresse. On comprend alors pourquoi, sur une même colline, deux vignes mitoyennes peuvent donner des vins radicalement différents. Le sol n’est pas qu’un support : il est une réserve de vie et de minéraux, déterminant pour :
Résultat : la diversité géologique garantit aussi une biodiversité remarquable. Près de 120 espèces végétales différentes recensées au sein des vignes du Mâconnais dans les milieux les moins mécanisés (source : Observatoire Agricole de la Biodiversité, 2023).
Pour rendre hommage à la géologie dans votre verre, il existe quelques astuces lors des dégustations :
L’exercice est passionnant lors de routes des vins ou de dégustations verticales : placer côte à côte un Saint-Amour (sols argilo-siliceux), un Chiroubles (granit altéré) et un Pouilly-Fuissé (calcaire) révèle à quel point la géologie est la première poésie du vigneron.
Au fil des siècles, vignerons et géologues ont appris à lire ensemble la carte du sous-sol pour révéler le meilleur des cépages. Les parcelles les plus convoitées épousent les failles calcaires ou les veines granitiques, tandis que chaque millésime réinterprète l’héritage de la terre. Grâce à cette diversité géologique, chaque amateur peut trouver une expression du Beaujolais ou du Mâconnais à son goût – qu’il soit friand de fraîcheur, d’élégance ou de rondeur.
Explorer ces régions, c’est marcher sur des millions d’années de transformations géologiques, savourer la rencontre entre sol, plante et savoir-faire. En somme, lever son verre ici, c’est trinquer à la générosité de la Nature et à la finesse de l’observation humaine – pour que la mosaïque du sous-sol devienne une symphonie de saveurs dans le vin.
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