Dix villages au cœur du Beaujolais : là où la légende du vin s’écrit

Le Beaujolais s’étend sur un ruban d’environ 55 km du nord au sud, réunissant 12 appellations (10 crus, le Beaujolais et le Beaujolais-Villages) et près de 2 000 vignerons. Un chiffre à retenir : 98 % des vins produits sont rouges (FranceAgriMer, 2023), issus principalement du gamay noir à jus blanc, cépage identitaire du territoire. Mais la vraie singularité de la région ? Chaque village de cru est doté de caractéristiques géologiques, climatiques et humaines qui le rendent unique.

• Altitude : Certains crus s’élèvent à plus de 500 mètres, apportant fraîcheur et finesse (ex : Chiroubles).
• Sol : Le granit domine au nord (surtout à Moulin-à-Vent et Fleurie), tandis que les argilo-calcaires règnent au sud.
• Exposition : L’orientation des coteaux influence la maturité et la typicité des vins.

C’est ainsi que dans le Beaujolais, chaque bouteille raconte son village, et chaque village façonne la personnalité de ses vins.

Au cœur des collines, dix villages principaux donnent leur nom aux crus qui font briller le Beaujolais à l’international. Chacun est une invitation à la découverte, une étape immanquable pour comprendre la richesse de la région.

Au-delà de la bouteille, chaque village de cru a forgé sa réputation par son histoire, ses légendes et ses personnalités marquantes. Quelques anecdotes :

• Saint-Amour : Chaque 14 février, le village attire des centaines de couples pour célébrer la Saint-Valentin. Le cru Saint-Amour, unique en France, aurait accueilli des moines, grands acteurs de la viticulture locale (Source : Office de Tourisme Beaujolais).
• Moulin-à-Vent : Son ancien moulin du XVᵉ siècle, classé Monument Historique, est l’un des symboles les plus connus du Beaujolais. On surnomme les vins issus de ce village le « seigneur du Beaujolais ».
• Juliénas : Le village doit son nom à Jules César, qui y aurait installé une garnison lors de la conquête de la Gaule. Les traces d’amphores Romaines découvertes rappellent cette époque (Source : INAO).

Explorer le Beaujolais, c’est bien sûr goûter ses vins, mais aussi prendre le temps de se balader dans ses villages, entre maisons de pierre dorée, fontaines anciennes et petits marchés de producteurs. Quelques suggestions pour vivre une expérience authentique :

1. Se perdre dans les ruelles de Fleurie, où le sentier de la Madone offre en hauteur une vue spectaculaire sur les vignes et la plaine de la Saône. La statue surplombant le village date de 1866.
2. Découvrir les caves centenaires de Morgon : Villié-Morgon concentre de nombreux domaines familiaux, certains proposent des parcours “verticals” pour saisir le potentiel de vieillissement des vins.
3. Visiter le moulin de Romanèche-Thorins : Il ne faut pas manquer la visite du Moulin-à-Vent, qui donne son nom au cru, ni le Hameau Dubœuf, un musée immersif consacré à la vigne et au vin (plus de 30 000 visiteurs/an selon Le Figaro Vin).
4. Flâner à Chiroubles : Situé à 400–450 m d’altitude, le « balcon du Beaujolais » offre des panoramas à couper le souffle sur la région.
5. Profiter des événements locaux : Le “Printemps des Chénas”, la “Fête du Cru Juliénas”, ou encore les “Portes ouvertes de Régnié” rythment l’année viticole et sont parfaits pour rencontrer les vignerons et déguster leurs nouveautés.

À retenir : la notion de “village” est essentielle dans le Beaujolais, et au-delà des crus, les plus petites communes ou hameaux (Saint-Lager, Vauxrenard, Quincié, Lancié, etc.) ont aussi leur rôle dans la diversité des styles et des rencontres.

Juste au sud des crus s’étend l’aire des Beaujolais-Villages, regroupant pas moins de 38 communes. Ce classement historique (depuis 1937) valorise la production de parcelles réputées pour donner un vin plus corsé que le Beaujolais générique.

• Les “villages typiques” : Oingt (classé parmi “Les Plus Beaux Villages de France”), Ternand, Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais, Saint-Julien, sont fameux pour leur patrimoine de pierres dorées, leur ambiance médiévale et leur hospitalité.
• Des micro-terroirs : Entre monts et vallées, chaque micro-appellation – comme Lantignié, récemment candidate au statut de cru – défend une identité propre, souvent portée par une nouvelle génération de vignerons bio ou nature (Le Monde, 2021).

Le Beaujolais-Villages est le théâtre de marchés, fêtes, guinguettes et festivals. On s’y balade entre domaines, caves coopératives et auberges, parfaites pour découvrir la cuisine locale : andouillette, pomme de terre gratinée, charcuteries, fromages secs…

Si le nord attire les projecteurs, le Bas Beaujolais et la région des Pierres Dorées méritent aussi le détour. Ici, les villages se parent de reflets ocre au coucher du soleil, et la diversité architecturale complète à merveille l’offre vinicole. Quelques perles à découvrir :

• Oingt : Ce joyau médiéval est classé parmi les “Plus Beaux Villages de France” et offre des panoramas époustouflants, notamment depuis la tour donjon reconstruite au XVIᵉ siècle.
• Theizé et Bagnols : Petits villages à l’atmosphère paisible, avec leurs châteaux transformés en chambres d’hôtes, leurs caves voûtées et leurs marchés de produits locaux.
• Ternand : Une église romane, des maisons à colombages et une tradition vigneronne séculaire, à la frontière nord de la région lyonnaise.

Ici, l’offre œnotouristique se double de randonnées, circuits cyclables, ateliers d’artisans et festivals locaux comme “Fleurs de Vigne”, qui réunit viticulteurs, artistes et cuisiniers (Source : Route des Vins du Beaujolais).

Un élément unit tous ces villages : l’art de l’accueil. La tradition des mâchons (petits-déjeuners salés entre vignerons), des caves ouvertes et du ban des vendanges rythme la vie collective. Le Beaujolais, c’est la convivialité à chaque coin de rue, fête du Beaujolais Nouveau en novembre, guinguette sur les places de village, et accueil familial dans les domaines.

• Plus de 200 événements œnotouristiques sont organisés chaque année dans la région (Source : Inter Beaujolais).
• Le Beaujolais Nouveau, expédié dans 110 pays en moins de 24 heures après sa sortie, attire chaque année des visiteurs de plus de 30 nationalités dans les villages producteurs (Chiffres InterBeaujolais 2023).

C’est dans les villages du Beaujolais que se vit l’authenticité d’une région encore accessible, ouverte et en perpétuelle évolution.

Pour s’imprégner de l’atmosphère unique des villages, rien de tel que de combiner routes des vins, sentiers balisés et haltes gourmandes. Quelques bonnes pratiques :

• Privilégier les visites sur rendez-vous : cela garantit un moment privilégié pour dialoguer avec les vignerons, souvent disponibles pour partager une bouteille – parfois autour d’une table.
• Explorer hors saison : de septembre à novembre ou de mars à juin, les villages sont moins fréquentés, les paysages sublimes et les échanges plus intimistes.
• Oser les petites routes : Loin des axes principaux, de minuscules villages (Marchampt, Vaux-en-Beaujolais, “Clochemerle”, rendu célèbre par le roman satirique de Gabriel Chevallier) valent le détour pour leur charme pittoresque et leurs histoires truculentes.
• Se renseigner auprès des offices de tourisme locaux : Ils proposent de nombreuses balades guidées, dégustations et circuits à thème (sur la trace des bâtisseurs romans, des lieux de résistance, etc.).

Dans chaque village, chaque porte de cave, une aventure humaine attend le visiteur, et la promesse de découvertes renouvelées, tant pour les néophytes que pour les passionnés.

Ce qui fait la renommée du Beaujolais, ce sont avant tout ses villages vivants et plurielles, riches de leur histoire, de leurs paysages et de l’imagination de celles et ceux qui les font évoluer. Entre crus prestigieux et hameaux discrets, la région ne cesse d’inspirer amateurs, curieux ou amoureux de l’art de vivre à la française. Que l’on vienne pour le vin ou pour la beauté des lieux, chaque étape est une invitation à ralentir, échanger et s’émerveiller, au fil des saisons et des rencontres.